Jean Ameye, 15 août 1987
NDLR : mon oncle Jean Ameye, dernier dépositaire des règles familiales de la Bête Hombrée, écrivait aussi des petites pièces de théâtre pour ses neveux et nièces ou pour célébrer des anniversaires. Voici des extraits d’un tableau créé pour ses 50 ans de mariage avec tante Françoise et qui se passe au cours d’une partie de bête hombrée.
Personnages
Alexandre Ameye (Oncle Alexandre, frère de François)
François Ameye (grand père de mon oncle Jean auteur du texte)
Tante Elisa épouse d’Alexandre
Arthur Journaux grand oncle de Jean auteur du texte
Tante Edmond Blanchet sœur de François et Alexandre Ameye
En 1902, chez l’Oncle Alexandre, la traditionnelle partie de Bête hombrée après le déjeuner.
Tante Elisa : Alors Alexandre ! Qu’est ce que vous allez faire maintenant, vous les hommes ?
Alexandre Ameye : Quelle question ! Notre partie de Bête hombrée, parbleu !
[…]
François Ameye : Alors, mon petit frère, on l’attaque c’te bête.
[…]
Alexandre Ameye : aux cartes citoyens. Tu as fait le roi François. Si je comprends bien, c’est à toit de faire, louise, et c’est cœur couleur de belle.
Tous : Cœur, la fleur malade est qui en meurt.
Disposition de la table de Bête hombrée
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Arthur Journaux
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Alexandre Ameye |
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Tante Edmond |
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François Ameye |
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François Ameye : Otez le neuf de cœur.
[…]
François Ameye : je vous signale qu’il nous reste de la dernière fois 2 petites bêtes. La première est d’Arthur et elle vaut 128 sous.
Arthur Journaux : […]. Cela ne m’empêche pas de faire une petite demande [ndlr : il s’agit d’une variation autour de la « simple demande »].
Alexandre Ameye : Je passe.
François Ameye : moi, je demande trois.
Tante Edmont : et moi, je cagnote.
Français Ameye : je suis mal placé avec cette mère cagnot à ma droite. La goule y ferme pas. Eh ben ! Cagnote donc.
Arthur Journaux : j’ai encore droit d’être premier pour 4.
Tante Edmond : monsieur Arthur, ne vous gênez pas.
ARTHUR JOURNAUX : non je passe ; à vous madame Edmond.
Tante Edmond : (écartant 3 cartes et prenant à la suite les 3 cartes du cagnot) Une qu’en veut, deux qu’en veut pas, oh ! Trois qu’en veut. (un silence) Ce sera quatre à pique et j’annonce 3 matadores.
ALEXANDRE AMEYE : joue bien Arthur.
ARTHUR JOURNAUX : voyons un peu ce petit trèfle.
FRANÇOIS AMEYE : C’est pas ce qu’il fallait jouer. C’était cœur, dans la belle.
Tante Edmond : bien entendu, je coupe avec mon Valet. Je joue Roi, Dame, timbez donc. Et passe mon Roi de Cœur. Cela fera 7 sous pour chacun et… combien tu as dit, François ?
FRANÇOIS AMEYE : 128 en plus pour Arthur.
[…]
Tante Edmond : […] C’est à vous de faire, monsieur Arthur.
[…]
ALEXANDRE AMEYE : Quelle est la bête maintenant, François ?
FRANÇOIS AMEYE : c’est encore Arthur ; Arthur 140.
[…]
ALEXANDRE AMEYE : je demande sans préjudice.
FRANÇOIS AMEYE : et moi je retiens. Et toi, la mère cagnot ?
Tante Edmond : pour moi ce sera 4. Et vous monsieur Arthur ?
ARTHUR JOURNAUX : y’aurait pus d’pain à la maison. Je prends le tout… 9a s’ra 5 à trèfle, mes amis.
ALEXANDRE AMEYE : pardon, Arthur, j’avais encore le droit de parler, j’ai demandé sans préjudice.
FRANÇOIS AMEYE : et moi j’ai retenu.
ARTHUR JOURNAUX : eh bien ! Soyez donc premier pour cinq, si ça vous dit, mais ça m’étonnerait.
ALEXANDRE AMEYE et FRANÇOIS AMEYE : Vas-y donc Arthur.
ARTHUR JOURNAUX : à toi de jouer Alexandre.
ALEXANDRE AMEYE : je joue pique dans la belle. Pique, Denis, la vache enrage.
Tante Edmond : et moi, je coupe.
ARTHUR JOURNAUX : ah, les bougres ; ils se sont encore mis d’accord pour ma perte. C’est mon Roi.
[…]
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